Notre ressenti sur le Myanmar, un pays qui s’ouvre

- 23 fév 2017 -

Vous avez été nombreux à vouloir des infos sur la Birmanie, pays encore peu visité par rapport à son voisin la Thaïlande. Alors faut-il vite y aller avant que s’installe le tourisme de masse ? Est-ce-que cette destination est susceptible de vous plaire ? On vous donne notre ressenti suite à nos 3 semaines passées dans ce pays aux multiples facettes.

Un dépaysement total

Pourtant déjà imprégnés de l’ambiance Thaïlandaise depuis plusieurs semaines, les repères qu’on croyait s’être fait sont à revoir avec l’arrivée à Yangon. Première difficulté pour se faire comprendre, ici peu de locaux parlent anglais et le lisent encore moins, il faudra faire preuve de patience mais c’est plutôt bon signe : pas beaucoup de touristes en vue !

Comme on ne savait pas trop à quoi s’attendre en arrivant à Yangon, c’est l’ambiance générale et les habitudes des locaux qui nous ont un peu surpris :

  • La pauvreté

On se rend vite compte en se baladant que la majorité des logements sont insalubres, que les caniveaux servent de décharges et que l’eau n’est pas accessible à tous. L’Organisation Mondiale de la Santé classe la Birmanie parmi les pays les plus pauvres au monde et L’ONU-Habitat estime qu’au moins 40% des 5 millions d’habitants de Yangon sont « pauvres ou extrêmement pauvres »

  • Une influence Indienne

Aussi bien dans la nourriture (Samousa, nam…) que dans la rue où un grand nombre d’Indiens sont facilement identifiables. Pas si étonnant finalement puisque la Birmanie est aussi frontalière de l’Inde et du Bangladesh.

  • Plusieurs religions

Le bouddhisme est la religion principale. Néanmoins, d’autres religions sont aussi très présentes. On trouve aussi à Yangon parmi les stupas et temples, des mosquées et des églises.

  • Usse et coutumes

En Birmanie, quasiment 1 personne sur 2 chique du bétel : raclement de gorge et cracha vous accompagneront tout au long de la journée.

Le changement de culture est aussi dépaysant : là où on pourrait parfois voir un manque de savoir-vivre dans le comportement des locaux, il s’agit en fait juste d’une différence de culture et de normes entre nos sociétés. Une fois intégrés, nous voilà parés pour profiter au mieux du voyage.

Nos 4 premiers jours à Yangon nous ont donc permis de nous acclimater et de nous adapter à ce nouveau pays pour ensuite apprécier toutes ses beautés.

Et comme souvent, les grandes villes ne sont pas forcément représentatives du reste du pays. Nous avons apprécié Yangon pour ses temples et monuments, mais 2 jours suffisent tant le reste du pays est à découvrir plus en profondeur.

Des incontournables à visiter

Les temples de Bagan

Si la Birmanie attire nombre de touristes, c’est parce qu’il y a de quoi voir. Les impressionnants temples de Bagan à eux seuls valent le voyage. Les temples principaux sont déjà assaillis de bus touristiques mais en cherchant bien, certains coins restent calmes. Nous sommes restés 4 jours à Bagan ce qui peut paraitre beaucoup car les principaux temples et endroits à visiter se font bien en 2 jours. Pourtant, c’est lorsque l’on a vu l’essentiel que ça devient vraiment intéressant ! Nous avons passé les 2 jours suivant à nous perdre sur les routes sableuses et désertiques du Sud de Bagan avec notre petit scooter électrique. C’est en quittant la zone principale que l’on découvre les meilleurs endroits : nous avons trouvé notre temple préféré pour les levés et couchés de soleil : seuls au monde.

Le lac Inle

Changement total de décors : on passe alors d’une zone quasi désertique à une zone montagneuse et rurale vers le lac Inle. Deuxième incontournable encore plus authentique. Ici, le temps s’est arrêté et les villages semblent vivre dans un autre siècle. La découverte du mode de vie des villages autour du lac et des pécheurs est une étape dépaysante et passionnante. Le tourisme se développe et on est toujours dans les incontournables à visiter donc forcément appréciés des touristes.

La région de Hpa-An

La diversité des paysages est unique. Nous en avons eu une nouvelle fois la preuve à Hpa-An, au Sud du pays au milieu des plaines, de gros rochers et des fleuves confèrent au paysage un air de Baie d’Halong. Et là, surprise, presque pas de touristes* ! L’endroit n’est peut-être pas encore référencé dans les circuits ou brochures : profitez-en, une expérience vraiment authentique vous attends. Les locaux ne parlent pas anglais, certain vous prennent en photo et tous vous accueillent avec de grands sourires. Les paysages sont magnifiques et les prix sont tout petits.

* en faite on ne sait pas trop pourquoi mais la plupart des touristes dans cette petite ville sont français.

Ici aussi le changement est proche. Pour l’instant, peu d’hébergements existent mais ils sont quasiment complets. Une nouvelle ligne de bus permet maintenant de relier le lac Inle à Hpa-An (signe d’un changement proche ?). Actuellement, l’immersion au milieu des locaux est totale : pas d’hôtels luxueux ou de restaurants occidentaux. A Hpa-Han, ça n’est pas la ville qui s’adapte au tourisme mais bien le touriste qui s’adapte à la vie locale, pour notre plus grand bonheur !

L’authenticité trouvée

Il suffit de se perdre aux alentours des villages pour découvrir la vie locale et authentique. Pas besoin d’aller très loin, en dehors des zones de Bagan et du lac Inle, c’est le vrai visage de la Birmanie que l’on aperçoit.

Notre avis

Si vous pensez que grâce à l’ouverture récente du tourisme, vous serez peu nombreux à visiter les principaux sites, vous risquez d’être déçu. Le tourisme de masse fait bel et bien son apparition. Mais, en cherchant bien, certains lieux sont encore inexplorés et il suffit de sortir du « circuit » standard Bagan – Lac Inlé – Yangon pour découvrir l’authentique. L’idéal est de rester assez longtemps pour faire les incontournables et ensuite quelques régions moins touristiques, car le Myanmar, c’est grand ! Le pays regorge de paysages et monuments plus impressionnants les uns que les autres. Et la diversité des endroits à visiter pousse à la découverte en variant les plaisirs pour ne jamais être lassé.

Le Myanmar est conscient du potentiel touristique et compte bien en profiter. Il faut payer un droit d’accès pour entrer dans les lieux touristiques et le prix des entrées pour certains temples a doublé (par rapport à ce qu’annonçait notre guide de 2013). On a la désagréable impression que le tourisme va se développer bien trop vite par rapport au pays en lui-même et que les locaux risquent de ne pas vraiment en profiter. On espère néanmoins que le Myanmar fera bon usage de cette nouvelle source de revenu.

En résumé, ce pays ne vous laissera pas indifférent. Le dépaysement est garanti, le changement de culture incite à la réflexion et remue vos convictions. Vous n’aurez d’autres choix que de sortir de votre zone de confort pour vous adapter. C’est un pays marquant : qui peut déboussoler au départ mais qui une fois apprivoisé, décuple les émotions et grave plus profondément les souvenirs de voyage. Nous, on a adoré !

Le saviez-vous ?

  • Au restaurant, les locaux appellent les serveurs en faisant un petit bruit avec leur bouche le même bruit que l’on fait lorsque l’on souhaite appeler un chien en France.
  • Les taches rouges sur les routes ne sont pas des flaques de sangs mais le liquide que crachent les Birmans car ils chiquent du bétel. Ce mélange a un effet stimulant et antidouleur mais cancérigène et colore les dents en rouge (quand il en reste).
  • Le Tanaka est le produit de beauté par excellence. Les femmes et enfants (et parfois les hommes aussi) s’en mettent sur la figure de différentes manières. Cette poudre mélangée à l’eau aurait de nombreuses propriétés et notamment celle de rafraîchir, protéger la peau du soleil et éviter les rides.

Ethique

Faut-il ou non visiter le Myanmar au vu de la situation géopolitique actuelle du pays ?

Certains appellent au boycott touristique du Myanmar et pour cause, un véritable génocide d’une minorité ethnique est en train d’avoir lieux dans le nord du pays. Alors est-il bien raisonnable de peut-être participer au financement du pouvoir et de la gente militaire en place ?

A chacun son avis. Notre ressenti sur place et loin de la zone de conflit, aucune tension ne se fait sentir, comme si personne n’était au courant de ce qu’il se passe actuellement au Nord du pays. Même si forcément l’état doit récolter les fruits du tourisme, selon la manière dont vous voyagez, vous pouvez en faire profiter aussi et surtout la population : en mangeant local dans les petits restaurants de rue, en achetant au marché, en choisissant ses intervenants et en sortant le plus possible des sentiers battus pour que tout le monde en profite. Et en plus c’est bon pour le budget car les prix sont bien plus bas lorsqu’ils ne sont pas destinés aux touristes. Bien souvent dans ce genre de situation, la population sur place n’y est pour rien et c’est dommage de la priver elle aussi d’une source de revenu possible. Alors évidement nous sommes contre et choqués par ce qu’il se passe dans certaines régions du Myanmar, mais nous pensons que s’y rendre en sac à dos n’influence en rien les événements qui s’y produisent.